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Drabo Mariame – Humans of Bobo



Au cours de notre mission au Burkina Faso de février 2017, l’équipe de Schola Africa en visite sur le terrain a eu la chance de pouvoir échanger avec des membres de l’Union Yanta. Il s’agit d’un regroupement de différentes associations qui recueille des femmes isolées et qui les forme à divers métiers comme ceux de la couture ou plus généralement à la production de beurre de karité ou d’huile d’arachide, et cela afin de les aider à se sortir de la pauvreté et de leur donner les moyens de reconstruire leur vie. Nous avons pu nous entretenir avec l’ancienne présidente de 2004 à 2010 de L’Union Yanta, Mariame Drabo. Voici son témoignage. « Vous savez, on se bat pour manger, je me réveille à 5h tous les matins pour travailler : les femmes sont fatiguées au Burkina. Ici beaucoup de jeunes femmes ont un mari qui boit, ou qui les frappe et qui ne travaille pas. Elles sont obligées de se lever la nuit et de se cacher pour aller couper du bois dans la forêt, mais c’est illégal et la police les traque. Moi aussi je le faisais pour pouvoir survivre, nous ne connaissions pas de métier, nous n’avions pas de formation et c’était le seul moyen pour nous de gagner de l’argent. La police nous cherchait, nous faisions un travail clandestin, mais est-ce qu’on avait vraiment le choix ? On le faisait pour se nourrir, pour nourrir nos enfants parce que nos maris ne le faisaient pas. Si tu sors à 5 heure du matin, tu ne verras que des femmes, pas des hommes. C’était très dangereux pour nous, on risquait de se faire mordre par un serpent ou d’être pris pas la police. Des hommes parfois profitaient de nous et nous violaient alors qu’on allait pendant la nuit dans la forêt… Ce travail ne détruit pas que des femmes, il détruit aussi la forêt, mais nous quand on le faisait on ne le savait pas, c’était pour survivre. On coupait du bois autant qu’on pouvait pour le revendre sur le marché, c’est tout, mais comme il y avait beaucoup de femmes qui étaient obligées de le faire, c’était un problème même pour la forêt et on était responsable sans le savoir d’une partie de la déforestation. Moi j’avais commencé à le faire en 1993, mais aujourd’hui encore il y a des femmes qui le font pour vivre et c’est pour ça qu’on se bat et qu’on veut les aider. Quand l’Union Yanta a été créée en 2003 par Gré Visser, elle nous a tendu la main et nous a aidé, elle nous a recensé et elle nous a appris des métiers, grâce à elle on a pu arrêter ce travail clandestin. Aujourd’hui on a trente et une associations de femmes ici qui travaillent le karité, l’arachide ou encore à la couture, on veut valoriser nos produits locaux et on exporte même dans d’autres pays. En plus de tout ça on sensibilise aussi les jeunes femmes à la déforestation et on participe au reboisement de la forêt, on organise des discussions et même des pièces de théâtre pour ça : on est toutes des actrices… {rires} Il reste encore plein de femmes qui sont clandestines et qui vont couper du bois dans la forêt, mais on continue d’agir et aujourd’hui on a besoin de partenaires pour pouvoir étendre notre action… »

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